Réponse à Cardabella sur le temps par JCD

REPONSES PAR QUELQUES AUTEURS ET PROBLEMES SUBSISTANT :

  • Avec Sénèque : Voir Epicure sur « carpe diem », un présent durable, dont on jouit car on le savoure par frugalité au lieu de se goinfrer, ce qui laisse en manque, par appétits stimulés.
  • Avec Proust et Bergson : « Matière et mémoire » : le temps est conscience, qui est durée. Atteinte par la « mémoire souvenir », où le passé est reconstruit mais réactualisé, ce qui dépasse la succession irréversible ; autre que la « mémoire habitude », schème d’action utilitaire, que Deleuze classe parmi les « fonctifs », processus par lesquels nous « faisons, agissons ». On pense aussi à Rousseau, dans les « Rêveries du Promeneur Solitaire », qui est heureux par le passé qu’il revit en souvenir, aussi intact à ressentir qu’autrefois.
  • Pour Saint-Augustin Contresens : Saint Augustin anéantit le temps (passé qui n’existe plus, futur qui n’existe pas encore, et présent, donc comme limite infinitésimale entre deux néants. Quand je dis « -sent » de « présent », le « pré- » n’est plus : sans la mémoire et l’anticipation, la conscience n’existerait pas car serait sans durée. Ce qui donne raison à Bergson. Erreur de Saint-Augustin : avoir confondu présent et « instant », qui est l’abstraction mathématico-technique du « temps des horloges », utile à nos fonctifs ; une ligne illusoire, imaginaire, substituée à une durée (Test : sur la ligne, simulant un fleuve qui s’écoule, situez avenir et passé…)
  • Pour Kant : En posant le temps comme « intuition pure » du « sens interne », Kant en fait l’autre condition, avec l’espace, de notre représentation des objets. Avec ce point de vue, on prend conscience de la pensée du « en même temps » simultané, ainsi que de la permanence en nous des acquis antérieurs, donc d’une durée non effacée par le temps « physique » irréversible.

J’ai recherché dans « Esthétique transcendantale » de « La critique de la raison pure », des extraits (lisibles !…, car Kant !…) concernant l’intuition pure du temps… Or, à ma grande surprise, je me suis rendu compte que mes notes de lecture avaient consisté en un commentaire de Kant qui le liait au Bergson sur la durée… Les propos de Kant dans ce passage sont très resserrés, se bornent à poser en quoi le temps est une intuition de notre « sensibilité interne », donc de notre « pure conscience » ; sachant qu’il ne s’agit pas pour autant d’un « subjectif » coupé du réel… On apercevra, avec les problèmes ci-dessous, que les réalités ne sont que partiellement liées à notre sensibilité, mais que celle-ci est impérative pour que nous percevions des choses…

PROBLEMES EN SUSPENS :
Impuissance face au temps, et puissance face à l’espace ? On peut aussi bien inverser les deux statuts de ces intuitions ; car les parties juxtaposées de l’espace « m’environnent et engloutissent comme un point », dit Pascal, outre que l’espace est infini, trop vaste pour que je le parcoure. Enfin, le parcourir exige du temps, et un prix coûteux en énergie… L’espace, « par la pensée je le comprends », ajoute Pascal, durée et simultané constituent mon essence (je suis temps). On est ainsi renvoyé à la controverse des « deux substances » chez Descartes, corps et « âme » ou pensée.

D’autre part, existent des espaces « possibles », non intuitifs, qui sont « non-euclidiens », jusqu’à celui de Hilbert à « n dimensions » ; et qui s’appliquent aux particules et champs quantiques, à la relativité… En reprenant Deleuze, « percepts » et « concepts » sont distincts, dorment deux « réalités »… Tout ceci sera raconté au chapitre 5, dans « Epistemoland », sur les connaissances : déterminant en quoi elles sont à « critiquer » au sujet des limites de leur validité…

SYNTHESE : vérité conjointe, pour Mulheim, de Kant et de Bergson. Temps et espace (mais problème : seulement euclidien) sont des « intuitions pures ». Celle du temps a trois propriétés essentielles : simultanéité, durée, succession ; cette dernière correspond à la temporalité, applicable aux choses matérielles, situées dans l’espace euclidien, sensible;

Jean-Claude

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