DEVELOPPEMENT DURABLE : Philosophiquement votre

Un «Philosophiquement vôtre» 

Choisir de s’étonner, de cultiver des interrogations, de celles que l’on ne trouve guère dans les commentaires les plus répandus

Agir sur/dans l’environnement :  

La rubrique s’inspire des ouvrages publiés par Jean-Marie Harribey sur le développement durable-soutenable, et qui étudient les motivations et les impacts opposant les choix d’agir sur ou dans l’environnement

Nous nous appliquons d’abord à mettre en évidence qu’une action sur l’environnement est contraire à une volonté de préservation et d’amélioration : avec une action économique sur l’environnement, les milieux de vie, chosifiés en produits, se voient réduits au rôle mineur de marchés lucratifs. Découpés en filières sectorielles, ils deviennent prétexte à accumuler des fuites en avant technologiques, par un chantage a la supposée puissance de pseudo-solutions : les contrôles et les évaluations sont escamotés en permanence, laissant ignorer qu’elle sont plus coûteuses dans leurs conséquences à réparer, et porteuses de menaces, de risques dont l’estimation est refusée… En maintenant les éco-systèmes en dehors des structures économiques, on s’enferre dans une politique de communication, faite de batailles de chiffres : le maintien du mode de production à base d’adjuvants industriels intensifs et désorganisé en unités de transformation éclatées, provoquant des transports excessivement coûteux, interdit de constituer des leviers réduisant les pollutions endémiques, leurs effets négatifs irréversibles, l’élévation des dépenses à acquitter pour une consommation massive à prix accessibles.

Démonter les logiques d’incohérences inhérentes à une action sur l’environnement, impose un rapprochement avec les insuffisances d’ONG environnementalistes : puisqu’elles cantonnent leur attention à des thématiques de dérèglement climatique, de santé, de biodiversité, de préservation dans la qualité des sols, etc., sans référer ces chantiers à des structures de l’économie, aux conditions sociales du travail et des travaillleurs que l’industrialisation financiarisée normalise en fonction d’accumulation de capitaux privatisés, elles se détournent elles aussi, comme les sociétés responsables de carences environnementales qui sont indissociablement sociales, de prises sur l’état des milieux de vie et sur leurs évolutions.

Inversement, il importe d’illustrer avec précision qu’une action dans l’environnement désigne une globalité d’interventions qui rend inéluctable d’être associées pleinement aux questions sociales, replacées dans la sphère de l’économie : en effet, en concevant un social directement et centralement impliqué par l’exercice du travail, lequel conditionne les mœurs, les loisirs, les consommations, etc., l’intégration de l’économie dans la préoccupation dominante de l’environnement s’appuie sur la division des métiers à coordonner, sur leurs solidarités organiques qui exigent des solidarités professionnelles, une juste valorisation des catégories de travailleurs, si l’on veut mobiliser les collectivités autour d’une économie écologique.

Là aussi, on pensera à clarifier pourquoi enfermer un pseudo « social » dans un assistanat caritatif, des aides publiques à destination d’exclus, met en place un marché de la misère au contraire de remédier aux inégalités criantes et croissantes : sans rapporter les dénuements, les précarités, les souffrances au travail, les discriminations entre revenus, à leurs responsabilités, à leur dépendance vis à vis des sociétés employeuses et réduisant les emplois, les salaires, il est hors de question de traiter collectivement ce mal endémique. Par conséquent, il est exclu de se débarrasser des redistributions stériles engouffrées dans des réponses aux urgences, et détournées de préventions et de solutions durables aux injustices liées au travail… qui conditionnent les réparations des dégâts environnementaux.

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Libéral, social, Etat, solidaire :

La rubrique développe trois axes de réflexion, prenant d’abord les éléments deux par deux, afin de comprendre les relations duales unissant le privatisé à l’Etat, l’Etat au social, tout en faisant diverger un social et un solidaire pourtant à coordonner ; et posant questionnant ensuite la coexistence de ces quatre constituants du collectif :

Nous avons réservé ailleurs au moins une rubrique à une investigation sur les aides destinées aux associations, en nous interrogeant sur les missions d’ordre social ou solidaires qu’elles participent en partie à créer et à pérenniser. Ici, nous prolongeons le regard sur les fonds publics à usage social par un parallèle avec l’action libérale qui fonctionne par l’intervention de l’Etat. En effet, si l’on tient à acquérir une conception non idéologique sur le « libéral », il est primordial, de démasquer préalablement l’imposture d’un libéralisme du lucratif, qui falsifie les échanges dits « concurrentiels » par des arrangements et des subventionnements publics occultés, à l’opposé de ses discours sur de pures lois du marché, auto-régulées

Ainsi, nous procédons à un examen des finances publiques destinées au privatisé lucratif, dont il n’est pas admissible qu’elles ne fassent pas l’objet de divulgations efficaces, dans le but d’en évaluer l’utilisation, relativement aux subventions bénéficiant au privé associatif : nous espérons ainsi faire connaître comment ces deux secteurs où intervient l’Etat remplissent respectivement leur rôle, sur l’emploi, et sur des « valeurs ajoutées qualitatives » enrichissant les publics précaires et exclus des circuits administratifs et mercantiles.

De plus, il est nécessaire d’approfondir l’utilité sociale que représente l’action associative : en différenciant le rôle de réparation assumé par le social des mutuelles et des associations en compensation des insuffisances dans les services rendus par l’Etat et par un libéralisme du profit, avec les prospections sur des activités innovantes entre prises par les structures solidaires, qui visent à transformer profondément la vie sociale et institutionnelle. Eu égard à la confidentialité de telle novations, aux carences dans les informations sur elles, il est utile de faire connaître et reconnaître les champs et les formes d’interventions inaugurés par le solidaire prospectif : prévention de fragilités et de violences par du relationnel, formules d’auto-production alimentaire et vestimentaires, réseaux d’une distribution accessibles aux faibles revenus, etc.

Il resterait à discuter sur les faisabilités offertes à un dépassement des relations bipartites décryptées par les réflexions qui précèdent : au lieu de compromis tissés par couples, entre groupes de pression et les représentants du législatif et de l’exécutif, la cohésion sociale réclame une concertation suivie entre les quatre forces constitutives des droits et mœurs structurant les collectivités. Les avancées vers des échanges approfondis, dépassant les « consultations » non suivies par des co – décisions, apparaissent d’autant plus urgentes et impérieuses qu’un libéralisme des profits privatisés tend aujourd’hui à se subordonner les autres composantes : à ce sujet, nous invitons à réfléchir sur la place croissante que des abus de position dominante occupe, des pratiques coutumières l’emportant désormais sur la légalité ; ce qui fait poindre la menace d’un délitement du rapport à autrui, à partir d’un déni d’éthique généralisé, issu des « affaires »…

 POUR ALLER PLUS LOIN : A quoi servent les syndicats ? par Bernard Van Craynest, la Tribune, 26 novembre 2008


Filières et transversalité :

Le propos de la rubrique est basée sur l’idée que lorsqu’on réintroduit du sens dans une économie qu’un hypertrophie gestionnaire formaliste vide de ses rapports à l’humain, on en arrive aussitôt à mettre à jour des interactions organiques qui sous-tendent les secteurs et tissent entre eux des transversalités méconnues . Nous soumettons deux séries de réflexions aux discussions :

  • Eclaircir et vérifier en quoi les sectorisations d’activités économiques, étant artificielles, ne fonctionnent qu’en apparence : une étude détaillée fait surgir des liaisons multifonctionnelles, des réseaux d’échanges agissant de façon informelle. Ces constats se comprennent en appliquant les conceptions de Durkheim à propos de la division du travail : soit technique, soit sociale ; engendrant des solidarités soit mécanique, soit organique. Actualiser Durkheim conduit à reprendre la place centrale du travail dans une économie à réintégrer dans l’environnement : l’emploi, le salariat, les conflits professionnels étant à resituer dans des contextes plus profonds de cultures techniques, vivantes dans leurs traditions sans cesse réactualisées, et qui sont indissociables de loisirs créatifs, d’un ludique formateur à conjuguer avec les accès au travail
  • Montrer que les perceptions d’une économie posées dans les termes étroits d’un professionnel normalisé et aligné sur le rentable, refuse les dynamiques de développement économique : les nouveaux métiers, les innovations qui traitent le social par le lien à la place des discriminations violentes, et les animations d’activités en micro-économie, représentent une perspective de « valeur ajoutée qualitative » que nous opposons aux calculs très partiels et partiaux de l’économie quantifiée. Prétendre, comme la tendance s’en dessine aujourd’hui, promouvoir plus de transversalités, n’est concevable et pratiquable que si l’on introduit massivement les aspects d ‘un mieux faire qui est motivé par une meilleure qualité de vie : non par des mobiles de compassion, qui renforcent les infériorisations entre travailleurs, mais structurellement, en générant les richesses par les solutions aux harcèlements, aux souffrances d’être nié dans son mérite, c’est-à-dire en prenant en compte véritablement la totalité des opérations engagées par les actifs.

 POUR ALLER PLUS LOIN : Cartouches : le réemploi face au recyclage, par M.Q., les Echos, 13 mars 2010


Entreprise, acteurs, territoires :

On notera que l’intitulé de cette rubrique parle de l’entreprise au singulier : parce que nous diagnostiquons que les difficultés accrues où nous enfonce une économie lucrative prennent source dans leur prétention exorbitante à incarner toute l’économie. D’un pluralisme libéral, libéré du mercantilisme qui capitalise ses profits, et qui procède par entreprises marchandes solidaires, découlent des implications sur les acteurs, dans leur mode de vie, ainsi que sur les espaces investis par cette novation économique :

Un premier raisonnement permet d’établir qu’une économie plurielle repose sur un marchand qui rétribue l’activité d’entreprendre sans la lucrativité d’une plus-value réservée à des profits privatisés : nous explicitons comment ce commerce non mercantile renouvelle le statut de la pauvreté, dans le sens où elle convient à une suffisance du bien-être et à une organisation distributiste de la vie collective.

Nous précisons les transformations juridiques qui conditionnent l’exercice des échanges économiques par entreprises solidaires : donnant droit à des statuts du travailleur autre que celui du salariat ; retirant les clauses légales propres au concurrentiel de la sphère du compétitif ; structurant les règles d’une économie de la gratuité réciproque du don, celles d’émissions de monnaies, telles que « fondantes », « affectées ».

Un second raisonnement s’appuie sur l’extension d’un libéral-solidaire qui instaure juridiquement une décentralisation favorisant des expérimentations à l’échelle de territoires : par exemple, une transformation de la condition sociale des acteurs qui travaillent, au-delà d’emplois salariés, est porteuse de bouleversements sur la reconnaissance d’actifs et d’activités, jusqu’à admettre toute personne comme socialement utile, et donc à doter d’un « revenu minimum d’existence » radicalement autres que les minima sociaux d’assistanat, car intégrant les non salariés à toute l’économie. Egalement, la systématisation d’un recours aux SCIC est à préconiser, car correspondant à des gouvernances participatives, que d’autres formes d’entreprises excluent.

POUR ALLER PLUS LOIN : Un marchand solidaire : instituant également le gratuit et les monnaies plurielles (« affectées », « fondantes ») ; remédiant aux précarités croissantes