Réponses à Bertrand Coudreau par JCD

Bonjour Bertrand,

Voici mes éclaircissements à vos interrogations ou commentaires

Commentaire 1 : Que comprendre sur « Altérion » ?

BC : J’ai cherché sur internet et je n’ai trouvé que cette définition : Altérion est une solution probiotique pour la volaille

Réponse JCD

“Altérion” est un nom fictif, forgé pour le récit “Epopée Humanis 21” que les membres de Chemins publieront. Il est mentionné page 415, à propos du jeu “Mondiopoly” –qui occupera le Chapitre 4- et désigne l’Union Européenne dont la monnaie est en “alters” (pour les “euros”).

Commentaire 2 : des activités déroutantes

BC : Au début, j’étais un peu déconcerté par les travaux effectués en Inde (de quoi s’agit-il exactement ?), par les termes inconnus ou mal connus (comme un haveli), et par des personnages mal définis (je parle de leurs activités). On a donc un peu de mal à rentrer dans le livre au début. Les recherches de Charles Bernave, mathématiques, ne sont pas évidentes à saisir.

Réponse JCD

Travaux de Bernave-Khriss en Inde : Cheminer les innovations solidaires, ce qui se réfère à une Base de Données construite par son maître et ami Jehan Mulheim, récapitulant près de 4 millions d’entreprises que Khriss a décidé de visiter depuis 2015. La clé de la saga est fournie dès le début, quand est exposé Chemins à Mohandas, par 6 pôles d’activités ; activités qui déroutent car inédites, mais cruciales, posées comme solutions aux crises présentes qui vont s’aggraver.

Bernave n’est pas matheux, mais sociologue-économiste, fondateur et coordinateur de Chemins. Sa biographie occupe les pages 28 à 51, servant en même temps à introduire les principaux animateurs de Chemins, initiateurs du “10° Projet”

Commentaire 3 : que les sciences soient sacrifiées est contestable

BC : Page 36, « la démission inavouée face aux sciences ». Je ne suis pas tout à fait d’accord. Je pense que ce sont surtout la littérature, la culture, l’histoire qui sont les plus sacrifiés, au nom de la rentabilité… et la science, mais en tant que telle (dans le domaine de la recherche pure), si elle n’est pas au service de l’industrie.

Réponse JCD

“Sciences”, dans son usage courant, fait question, étant abusivement amalgamé aux technologies, décrétées “sciences appliquées”. Les formations aux connaissances les réservent aux théories, ce que vous qualifiez de “recherches pures”. La Caverne de la Squaw, (pages 323 à 436) établit pourquoi et comment les usages sociaux déforment le “sens propre” des mots inscrits dans la langue. Or, ce sont bien les analyses théoriques qui sont le moins divulguées dans notre culture moderniste, y compris par un enseignement centré plus sur des calculs que sur des problèmes à concevoir

Commentaire 4 : des redites narratives superflues

BC : Page 56, le deuxième paragraphe « Pour son séjour en Inde… » est une répétition. Vous redites la même chose qu’à la page 54 dans le paragraphe commençant par « La gentillesse assurée de son sourire… ». Idem page 423, premier paragraphe. Une phrase est identique au premier paragraphe de la page 390.

Réponse

Merci pour le doublon pages 390/423, cette dernière phrase sera effacée dans une réédition, qui corrigera aussi les nombreuses carences “typographiques”. Il me fallait sortir le Tome 0 avant le 3 janvier 2018, si bien que ma hâte et un imprimeur bousculé ont entraîné un chaos et des erreurs… En revanche, la page 56 ne recopie pas la page 54 : il s’agit d’un besoin narratif, descriptif pour situer le mode de travail artisanal de Khriss (de même qu’avec “haveli, neem », et des recettes hindoues, je sacrifie à la couleur locale, au contexte).

Commentaire 5 : densité énorme des contenus, foule de personnages, peine à saisir des sujets non détaillés…

BC : Nous sommes face à une multitude de lieux, à une multitude de personnages, à une multitude d’entités. C’est un mélange de science, de science-fiction, de philosophie, de politique de sociétal et de social. La dimension scientifique est bien entendu très importante, et détaillée, qui risque peut-être de désorienter le lecteur, je ne sais trop. J’ai parfois le sentiment que vous vous adressez souvent au lecteur comme si c’était évident, sans autre explication pédagogique (page 387 par exemple, avec le paradoxe d’Olbers).

Réponse JCD

Le paradoxe d’Olbers ne sera explicité qu’au chapitre 5, Tome 4. Le défi de la saga, de vulgariser en romançant, inclut de quelquefois citer sans développer des problèmes scientifiques. Cela confirme à quel point est justifié le diagnostic que, si des objets technologiques (laser, supra-conducteurs,etc.) semblent familiers, les théories qui les rendent accessibles demeurent totalement ignorées du grand public (comme des spécialistes de sciences voisines : un matheux, un chimiste, sauraient-ils expliquer pourquoi le ciel est noir la nuit en dépit de centaines de milliards de galaxies, ce que résout le paradoxe d’Olbers ? La saga, qui se veut « roman de formation », doit concilier des approches sur la totalité des sciences de la matière, des vivants, des réalités humaines, sans sombrer dans des cours, en les injectant au cours du vécu des personnages, donc le plus souvent sans s’y attarder –sauf au chapitre 5, qui mettra en scène des jeux, des épreuves.)

 

Commentaire 6 : Un complot discutable entre médias et milliardaires

BC : Les médias complices des magouilles de milliardaires, pour cacher des « détails ». Je pense que vous êtes en pleine théorie du complot. Les médias n’ont rien à cacher, mais au contraire tout à montrer, à condition qu’ils le puissent. Et si la presse « merde » de plus en plus, ce n’est pas à parce qu’elle est bâillonnée progressivement, mais parce que la quantité d’informations s’est multipliée de façon exponentielle tandis que les effectifs de journalistes  se réduisent comme une peau de chagrin.

Difficile dans ces conditions de traiter l’actualité avec les moyens de vérifications qui s’imposent. Ce qui n’excuse en rien certains comportements que je qualifierai de facilité.

Enfin, il faut m’expliquer pourquoi tant de journalistes sont tués parce qu’ils veulent informer, sans parler de ceux qui meurent sur les lieux de guerre. J’ai beau chercher, je ne vois pas où est la magouille chez un type qui se fait tuer pour que nous puissions lire notre journal. C’est bien le contraire : un journaliste meurt généralement parce qu’il cherche à dénoncer les magouilles (nous avons eu un exemple récent avec ce journaliste slovaque de 27 ans véritablement exécuté).

Sur ces sujets, je vous invite à lire Reporters sans frontières n° 51 de 2016 qui aborde d’autres aspects. La presse est généralement bâillonnée par le pouvoir politique, avec la complicité des trusts économiques. On voit bien ce que font Erdogan en Turquie ou Poutine en Russie (et je ne parle pas de la Chine ou de la Syrie). Ce ne sont pas les gens du peuple qu’ils mettent en prison, mais les intellectuels, et donc les journalistes. Quand la presse n’est pas libre, les citoyens ne le sont plus. J’ai toujours aimé ce slogan : « Il n’y a pas de liberté sans liberté de la presse ». En s’attaquant à la presse, on se trompe d’ennemi.

Réponse JCD

Surtout pas “complot” sur les liens entre médias et milliardaires : mes Enquêteurs ont collecté 1810 biographies très détaillées qui sont absentes des gros médias. Or, se pencher sérieusement sur les activités de cette caste fermée est édifiant sur leurs mœurs sans scrupules, soumises aux gains comme aux pouvoirs à accroître sans cesse (Voir également les sociologues, tels Charlot-Pinçon, sur les grandes fortunes) La dissimulation régnant dans les coulisses des milieux d’affaires est structurelle, relève d’une sociologie des hiérarchies instituées, entretenant sur elles une opacité similaire à celles qui protègent les secrets d’Etat, de la Défense (cf. les enquêtes télévisées de « Clash Investigation »).

Caractériser le fonctionnement des « gros médias » (télé, radio, papier) avec leurs brèves, les « journaux » qui tournent en boucle, leurs storytelling, leurs tabloïds, les rapproche du sensationnalisme de films grand public, de magazines people, par leur style publicitaire, anecdotique, (désormais aussi inspiré des réseaux sociaux, de la télé-réalité) leur course au scoop, à la rareté, et ce, au détriment des phénomènes de société majeurs. Bien malin, aujourd’hui, de se prémunir contre « fakes », « trolls ».

Toute autre est un journalisme d’investigation, différent lui-même du journalisme de reportages sur les lieux de conflits : il exige de l’immersion, du recueil patient de documents, une solide culture livresque. Une équipe de Chemins exerce ce métier, et mon scénario détaillé s’appuie, entre autres, sur le dépouillement de 26 « mooks », ces mixtes entre magazines et books…

Commentaire 7 : Le positif d’ensemble porte sur la pertinence de l’analyse politique, les apports sérieux sur les connaissances, la curiosité envers ce qui va advenir par la suite

BC : A contrario, j’aime beaucoup l’idée de soumettre l’économique au politique (c’est bien, hélas, le contraire. Les politiques abandonnent le pouvoir à l’économie). Et j’ai été séduit par votre idée d’isocratie. Elle me fait d’ailleurs penser à l’isonomie, d’une certaine façon. En tout état de cause, l’auteur maîtrise parfaitement son sujet. Son livre a été largement pensé et structuré. Bref, ce livre interpelle, désoriente, mais il aborde tous les sujets et nous rend curieux. On ne sait pas trop où tout cela va nous mener, mais c’est intriguant, c’est certain.

Réponse JCD

Vous avez clairement saisi les points essentiels, ce qui me ravit : oui sur “science, SF, politique”, sur “pensé et structuré” (la complexité, acquise par la métaphysique, un enseignement de plusieurs sciences humaines, des expérimentations sur les “sciences dures”, motive de m’être lancé dans ce “roman de formation SF”).

Ainsi, à titre d’exemple de mon souci documentaire, votre ouvrage sur “Les grands destins du Prytanée”, aussitôt lu attentivement, épluché, fera l’objet d’une répartition entre “connaissances, technologies, guerres, artistes”, et autres. Ils seront intégrés aux chapitres : j’espère que nos échanges dureront, pour vous interroger sur leur utilisation !

La succession des Tomes en chantier, largement fournis dans leurs ossatures, se propose d’attiser en effet la curiosité du lecteur qui aura fait preuve de patience et d’indulgence à l’égard d’un démarrage inévitablement laborieux : en dépit de leur minceur en membres et en moyens, de leur distance avec les cercles de notoriété, les 40 pionniers de Chemins parviendront-ils rassembler autour d’eux des citoyens motivés pour les accompagner dans leur épopée ?

Commentaire 8 : La présentation serait à revoir, guide trop peu la lecture

BC : Sur le plan purement pratique, rien ne vaut des chapitres, et pas trop longs si possible (exemple de la page 89 à126 avant de pouvoir marquer une pause). Le système d’étoiles ne compense pas. Je note aussi que la table des matières est différente des chapitres (les titres)

Réponse JCD

Les subdivisions autres qu’en chapitres : votre observation est juste, mais je n’ai su et ne sais comment y remédier (j’ai 30 chapitres pour la saga, je n’ai pas voulu en faire une centaine voire plus). D’autres retours de lecteurs à qui j’ai offert ce Tome 0 m’ont décidé à initier une version “condensée et remaniée”, comme a fait Michel TOURNIER avec « Robinson et les limbes du Pacifique » doublé par « Vendredi ou la vie sauvage ». Là vont se glisser, dans chaque Tome à venir, des chapitres 1bis, 1ter, 1 quatro et plus…

 

Commentaire 9 : Conclusions

BC : J’apprécie beaucoup le temps présent. Vous verrez dans le livre les petites corrections typographiques que je suggère. Si j’ai bien compris, cette saga n’est possible  qu’à la condition de la rendre collective, avec une équipe de Chevaliers, de sorte qu’elle continue après la disparition de chacun. Une sorte de saga ininterrompue, sans fin, comme l’infini de l’univers. Vous cherchez par conséquent des Colporteurs. Est-ce bien ça ? Et ce premier tome n’est qu’un brouillon, le prototype d’un futur et immense ouvrage. Me suis-je trompé ?

Réponse JCD

Mes “Chevaliers” sont des Pionniers (pas seulement Chemineurs-Colporteurs, mais Créateurs d’oeuvres belles, Enquêteurs sur les fortunes et leurs incidences inégalitaires, Exploreurs de peuples aux traditions sages : revoir la clé des pages 13 à 28). Avec l’aide d’Edénia, ils vont tâcher de faire sortir notre “modernité” de ses impasses mortifères… Les 15 Tomes de 500 pages qui vont suivre possèdent leur scénario déjà construit. (Ainsi, revenant sur les médias : le chapitre 3 dans le Tome 2 précisera dans “Galaxigne” en quoi il y a grande presse (papier, radio, télé, web) de communication, et une presse d’information.

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