TRAITE D’EPISTEMOLOGIE METAPHYSIQUE par J.C. DIEBOLT

« Nous aurons à réapprendre à voir, à concevoir, à penser, à agir. Nous ne connaissons pas le chemin, mais nous savons que le chemin se fait dans la marche. » Edgar Morin

Traité d’épistémologie métaphysique « La Caverne des Terreurs », à savoir Introduction et Conclusion plus Plan. Eh oui ! Prise de tête, mais chacun peut s’y aventurer pour en retirer des connaissances peu diffusées qui élargissent nos horizons sur le monde actuel…


AVANT PROPOS


Le présent traité se propose de revisiter la philosophie, les sagesses antiques, et les systèmes métaphysiques qui ont balisé les siècles. « Rien que ça ?! », vous récrierez-vous, dubitatif. Eh oui, tout ce patrimoine est bien utile pour éclairer notre 21° siècle, des hauteurs de la réflexion critique jusqu’aux sous-bassements enfouis dans nos inconscients.

D’abord, pourquoi ce titre ? Il reprend l’allégorie platonicienne des prisonniers humains enfermés auxquels sont projetés des objets dont ils ne perçoivent que les ombres car des fers immobilisent leur tête. Comprenez : ils ne soupçonnent pas qu’ils doivent se libérer de ces illusions, tourner leur regard vers ce qui leur est caché.

Les « objets » de cette fable sont des représentations conceptuelles auxquelles nous devons accéder (si nous ne tenons pas à mourir idiots). Et l’acte de s’arracher à des clichés trompeurs qui baignent notre quotidien, c’est l’étonnement. Vingt-deux siècles plus tard, soucieux de se débarrasser d’un enseignement scolastique qui a répandu une version simpliste d’Aristote, Descartes renouvelle la méthode de questionnement socratique par un doute méthodique. Un siècle après lui, alors que règne une diffusion des « Lumières » qui vont inspirer la Révolution française, Kant élabore ses trois Critiques, aboutissement d’une métaphysique systémique.

Notre projet reprend ces trois méthodes d’analyse réflexive en les confrontant aux créations de quatre sciences dites « humaines » apparues au cours du 19° siècle. Autrement dit, de même qu’à l’entrée de l’Académie fondée par Platon était inscrit « Que personne d’autre que les géomètres n’entre ici. », le mode d’emploi de ce traité exigerait d’appliquer le principe « Pratiquer la métaphysique implique de se former à huit sciences ».

En particulier, la linguistique (élargie en sémiologie par les structures des images) permet de reprendre Descartes sur le flou qu’il entretient au sujet de l’évidence. Leibniz avait noté que « Descartes a logé la vérité à l’auberge de l’évidence mais il ne nous en a pas laissé l’adresse ». Or, elle se trouve pourtant identifiée à du « bon sens » : par conséquent, l’analyse ultérieure des structures de la langue livre des conceptions désormais rationnelles sur lexique et sémantique, qui n’ont rien à voir avec vocabulaire et dictionnaire.

PLAN

Il découle de ces points essentiels un plan de notre ouvrage qui précise d’abord les concepts à acquérir sur « langue, langages, signes », en vue de passer aux logiques de huit sciences, confrontées aux croyances sur des modalités de sacré. Une troisième partie en viendra à examiner économie, politique, droit, histoire et écologie, à savoir retourner dans la Caverne pour apprendre aux prisonniers à se situer dans notre vécu à la lumière de ses écarts avec connaissances et croyances. CLIQUER POUR VOIR LE PLAN

Précisons enfin en quoi nous avons introduit ce pluriel de « Terreurs » dans l’allégorie de Platon. D’une part, si dans le vécu des espaces publics collectifs, des ombres règnent qui obscurcissent les jugements des populations, c’est que pèse une idéologie qui refoule les vérités à acquérir dans l’obscurité d’un inconscient collectif. La hiérarchisation sociale génère une caste ou classe de dirigeants dont le souci premier est de s’accaparer la circulation médiatisée des informations.

Il ne s’agit pas d’alléguer une thèse affabulatoire du « complot » mais de caractériser un système libéral lucratif qui capte les flux financiers à son profit, concentrant les richesses en multinationales surpuissantes, cotées en Bourse, ce qui génère le spéculation de très riches actionnaires s’assurant des positions dominantes dans les conseils d’administration.

Ces 0,1% de millionnaires, et surtout ces 0,01% de milliardaires pratiquent ainsi un « terrorisme » habile pour dissimuler la réalité de leurs avoirs aux yeux des citoyens. En particulier, ils interviennent dans les enseignements et dans les médias qu’ils possèdent afin de minimiser leur présence.

On comprend alors que se former à une prise de conscience, accéder à des synthèses sur ce système est très ardu. Vaincre les barrières risque de marginaliser l’aventureux chercheur, et la tâche est si ardue qu’elle revient à affronter une seconde Terreur, à savoir l’angoisse paralysante des efforts énormes à déployer.

Au cours de nos analyses sur les valeurs à cultiver, les défis à affronter, les sciences et savoirs érudits à confronter, nous examinerons les stratégies possibles aptes à générer des avancées, mêmes limitées. Estimant que les ressources littéraires ne sont pas les moindres des moyens pour lever des voiles sur ces ombres de notre Caverne mondialisée. Romans, théâtre, cinéma et BD, sont susceptibles de constituer un « arsenal » citoyen efficace dans cette guerre larvée…


EN GUISE DE CONCLUSION


Avec le long et laborieux développement qui précède, nous avons tenu à expliciter une démarche d’analyse capable de mettre en lumière des connaissances, couplées à des savoirs qui réclament de collecter des données copieuses faute de dégager des synthèses structurelles théoriques en raison de leur complexité.

Partant de l’étude de la langue, confrontée à des usages de la communication, nous avons articulé discours et paroles à des langages aptes à traiter quatre vérités. En prenant en compte les contextes sociaux, il a fallu examiner quels facteurs introduisaient des divergences entre enseignement, instruction, culture et information.

Les outils obtenus dans la 1° Partie ont servi ensuite à différencier trois modalités de vérités possibles.

Par des synthèses théoriques ont pu se développer huit sciences, critiquées sur leurs fondements à l’aide d’une épistémologie conditionnant la réflexion métaphysique ; tandis que la complexité surpassant la capacité de notre jugement rationnel formait l’objet de savoirs à affiner en continu. Cette Partie occasionnera une confrontation avec et entre des types de croyances.

La progression conduit à utiliser les concepts acquis par un retour dans la Caverne. S’y heurter au travail implique d’abord l’examen des liens entre métier et profession.

En prolongement de l’analyse des pouvoirs économico-politiques, l’immersion dans le social comporte une approche des sentiments possibles à créer, dépassant les conflits et violences passionnelles. L’approche des diversités entre institutions dans une gamme de civilisations apprend à discerner des valeurs portées par des vertus humanistes.

L’aboutissement d’un tel voyage parmi les marécages de la complexité se résu-me à l’acquisition d’une sagesse ouverte et tolérante, rendant apte à ne pas demeurer fasciné par les sirènes du spectaculaire consumériste, mais rendue attentive aux qualités discrètes des valeurs authentiques.

Au final, sont à élucider quatre versions des carences vécues qui nous masquent en profondeur les structures qui gouvernent notre monde. En premier lieu, en dépit des sciences qui ont émergé depuis la fin du 18° siècle, les espaces publics de communication qualifient n’importe quoi de « scientifique », et d’abord les technologies qui ont envahi notre civilisation. Ainsi en est-il de la chimie médicamenteuse qui est décrétée manifester les fonctionnements organiques alors qu’elle les réduit à des processus simplistes.

Une deuxième illusion cognitive concerne la géopolitique, à savoir la répartition des pouvoirs dans nos sociétés dites « modernes ».

S’est répandu le concept flou de « démocratie », concernant aussi bien un régime électoraliste libéral représentatif que des régimes autoritaires communistes ou socialistes. Sont propagées des croyances sur les supposés pouvoirs de citoyens, tandis que, selon l’analyse sociologique de Marx, les « rapports de production » confisquent les « forces productives » au profit d’une caste de milliardaires. (Voir Thomas Piketty à ce sujet).

Troisièmement, l’économisme qui règne médiatiquement réduit les richesses à la seule échelle macro-économique, ne retenant que la masse écrasante de sociétés dites « transnationales » ou « multinationales ». Nos recherches minutieuses, en sollicitant 23 sources documentaires à partir d’une mission au Secrétariat d’Etat à l’Economie solidaire menée entre 2000 et 2002, ont pu mettre en évidence 12 « gisements de richesses » méconnus qui représentent non seulement une masse financière restant à évaluer, mais mobilisent des dizaines de milliers de membres actifs appelant à être lieux identifiés en tant que

Enfin, un quatrième chantier demeure en attente de clarification. Il met en jeu la portée des évolutions historiques et sociales qui sont intervenues au cours d’un 19° siècle décisif pour nos sociétés humaines. Alors que nos industrialisations inconsidérées ont provoqué un dérèglement climatique mortifère, nous restons politiquement et économiquement impuissants à y remédier.

L’impasse climatique que nous affrontons actuellement ne paraît résolvable qu’au prix d’un choix véritablement révolutionnaire, à savoir se reporter à l’époque où notre économie a basculé, au cours du 19° siècle. Nous y attendent à la fois les tentatives de socialismes dits « utopiques » (Trois Glorieuses, 1848, 1871) et des modèles de respect des vivants tels que des Amérindiens et des Inuits les ont institués.

Il va de soi qu’un tel renversement dans les choix d’organisation socio-économique s’avère hautement improbable. Gouvernants, possédants, leaders politiques, médias partagent viscéralement cette idéologie de la « croissance », qui écarte le concept de « développement », modéré, harmonieux, écologique et égalitaire.).

Au total, l’avenir historique demeurant aussi imprévisible qu’inconnaissable, rien ne garantit que des collectivités voudront se convertir à une économie écologique et égalitariste. Un facteur est décisif, celui des orientations que choisiront les pays anciennement colonisés et actuellement dominés par une vingtaine de leaders mondiaux. Rivalité USA-Chine, émergence des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) : la bipolarisation mondiale laisserait-elle place à une multipolarisation ?

Impossible de discerner un futur… En 1788, la France royale semblait installée pour durer des siècles…