PAC & EMPLOI(S) : philosophiquement votre

  

Un «Philosophiquement vôtre» 

Choisir de s’étonner, de cultiver des interrogations, de celles que l’on ne trouve guère dans les commentaires les plus répandus

Comptages et évaluations

situer la portée de statistiques prétendant établir des niveaux hiérarchiques entre catégories, entre civilisations, entre périodes historiques.

  • Par un retour sur les méthodes de chiffrage appliquées à des « biens » : en quoi leur manque la prise en compte de l’essentiel.
  • Par une explicitation de dimensions environnementales, sociales et culturelles abusivement négligées dans la prévision et le bilan économiques : en quoi l’économisme trompeur et tronqueur omet pertes et peines provoquées par des gains lucratifs. 
  • A partir de ces révisions à opérer sur la comptabilisation des activités humaines, une rupture reste à implanter dans les mœurs et mentalités, sur les finalités et valeurs qui les motivent : « Ménager un passage des discours creux et des incantations à des diagnostics curatifs? »

POUR ALLER PLUS LOIN : Le métier de paysan et l’agriculteur aujourd’hui

 


Agriculteurs, paysans,ruraux :  

L’évolution annoncée des activités agricoles vers une « multifonctionnalité »
pousse à revisiter les appellations qui désignent les agents engagés dans et par ces changements :
 

  • Philosophiquement, il est pertinent de différencier les concepts de métier (renvoyant aux aspects techniques du travail) et de profession (qui s’applique aux dimensions sociales, à savoir les statuts, les conditions d’accès à des situations rémunérées, le prestige et les hiérarchisations établies par des découpages entre postes dans des unités économiques). Nous l’appliquons ainsi à un métier de paysan, à confronter avec un métier d’agriculteur, ce dernier étant mêlé depuis plus d’un demi-siècle avec des professions agricoles qui assimilent ce secteur à l’industrie : les impératifs contraignants de financements et de rendements ont transformé les agriculteurs de l’intensif en entrepreneurs et gestionnaires dans des filières qui leur échappent, subordonnées aux distributions et aux marchés 
  • Pratiquement, faire reconnaître ces deux perspectives déboucherait sur l’organisation, socialement, d’une phase de l’économie agricole où coexisteraient une agriculture intensive circonscrite à quelques grandes filières (celles qui sont aidées par le pilier 1 de la PAC) et des productions paysannes qualitatives, adaptant les finalités traditionnelles du métier aux moyens contemporains, améliorant environnement, vie animale et végétale, alimentations. Une coexistence se distingue d’une cohabitation : celle-là décrit la situation présente, où les petites filières agricoles, 
  • Démocratiquement, en termes de revendications sur des mesures à décider et à appliquer (voir avec le Grenelle participatif, sur « les mesures en préparation par rapport aux besoins », un transfert significatif des moyens accordés au 1° pilier en direction du second, pour équilibrer les deux modes de production coexistants, se justifie par une extension des Mesures Agro-Environnementales en fonction d’une multifonctionnalité qui exige de véritables métiers et formations sur un développement rural, aménageant simultanément ses relations à l’urbain
  • Idéologiquement, discussions, dialogues et débats sont à aménager sur le traitement de ces deux voies ouvertes quant aux devenirs de l’agricole et du rural : entre une position refusant d’abandonner progressivement l’extensif en raison du contexte mondialisé, une autre qui exige le passage immédiat au durable généralisé, des variations sur des calendriers européens et mondiaux de conversions vers le qualitatif, sur des programmes de valorisation et de développement mondial du mode de production paysan, il est raisonnable d’expliciter ses argumentaires et de s’écouter mutuellement…

POUR ALLER PLUS LOIN : Mode de calcul et évaluer le qualitatif

 


Echelles, du local à l’Europe :  

Penser le monde humain en termes de répartition des territoires qui le composent, répartis en échelles de grandeur, oblige à dépasser le contresens qui réduirait ces degrés de tailles à de simples espaces géométriques, englobables les uns dans les autres selon une série linéaire, croissante ou décroissante.

Réalités complexes et immatérielles, les sociétés humaines s’organisent en entités multifonctionnelles (administrative, économique, langagière, historique) : si bien qu’un territoire condense une pluralité d’échelles dans une même surface géographique. Les découpages juridiques, électoraux, en bassins d’emplois, en ressources hydrographiques, en relations commerciales, etc. , représentent autant de dimensions scalaires, d’ampleurs très hétérogènes, qui traversent une même aire spatiale.

Parmi les résultantes de ces propriétés spécifiques à l’humain, dépassant le matériel physique, on notera que chaque échelle se dédouble : formant une unité à l’interne, monovalente, qui s’institue en fonction de forces qui se déploient sur le seul niveau de son expansion ; et constituant un ensemble de systèmes interactifs qui la relient aux dimensions plus vastes. Nous retenons ici deux de ces dédoublements :

  • Celui de l’échelle intermédiaire de l’Europe, tournée autant vers le national des Etats qui la composent, que vers l’international, soit celui de l’OMC, soit celui d’accords bilatéraux, soit encore celui de liens avec le Sud, par zônes continentales. Il en est ainsi pour la recherche et le développement, les filières, les réseaux, le syndicalisme, l’alimentaire, etc. : la plupart de nos rubriques supportent une explicitation sur des rapports de force en jeu à travers des variations d’échelles. Prennent place ici les SNDD, les PNDR, ainsi que les 6° ET 7° Programmes Cadres…
  • Celui du local des coopérations, qui renvoie directement à des aides et à des programmes décidés par l’Europe : avec l’intercommunalité, les Pays territoriaux, les divers Contrats urbains et de développement rural (y comprenant les dispositifs de la PAC, par les MAE), se sont multipliées les participations à des Fonds – LEADER, FEADER, FEOGA – ,  à des projets – EQUAL, INTERREG -, à des cadres spécifiques d’actions concertées – LEONARDO, EUREKA… Il s’agit à cette occasion de déterminer en quoi le lien direct entre des espaces locaux et l’Europe, passe également par des médiations – pour certaines compétences comme la santé, les transports, l’enseignement, le tourisme, entre autres – aux échelles départementales et régionales (par des schémas de développements sectoriels, les CPER).

Alimentaire et industriel

La rubrique « Agriculteurs, paysans, ruraux » explicite de son côté en quoi une agriculture intensive avait transformé le métier de paysan en profession d’industriel de la terre. La présente rubrique se propose, en demeurant au seul niveau des productions, des activités agricoles, sans qualifier cette fois le mode d’organisation économique, d’éclairer deux de leurs aspects :

  • l’un qui invite à mettre en perspective des interactions à poser et approfondir entre les productions de matières et leurs modalités de transformations : car la systématisation des fabrications alimentaires à coups d’additifs, envahissant tout type de cuisine en lui substituant des plats tout préparés, représente une industrialisation au double risque de focaliser  sur un sanitaire au détriment des qualités nutritionnelles et d’encadrer les productions d’aliments par des certifications et des normalisations qui interdiraient de fait les produits à base de bio comme les spécialités culinaires issues de terroirs ou d’origine exotique. Il semble ici que les tenants de l’agriculture bio aient négligé d’adopter une stratégie qui allie la fournitures de matières agricoles bio à l’enjeu de transformations à la fois traditionnelles et de proximité (voir les cas des charcuteries, des fromages, du vin, de boulangeries et viennoiseries…);
  • l’autre qui fait se rapprocher l’agricole fournisseur de produits alimentaires bio avec un agricole fabriquant des matériaux à usage industriel : là encore, la question à soumettre aux responsables de l’agriculture bio renvoie à l’absence de recensement complet des matériaux fournis, destinés au textile, au bâtiment, intégrant également des matières liées au phytosanitaire, à l’hygiène et à la beauté (huiles, cosmétiques), aux produits d’entretien et de nettoyage, sans oublier la papeterie… Le tout étant à regrouper en filière du bio-industriel : quelles raisons ou facteurs expliqueraient que cette pluralité de facettes, où la biologique manifeste son potentiel, demeure dans une dispersion qui leur est dommageable ? L’inorganisation, voire d’éventuelles rivalités entre sous-secteurs, si elles placent effectivement face à un contexte délicat à démêler, suffisent-elles pour renoncer à ouvrir une perspective souhaitable pour des consommateurs, des citoyens écologistes, en même temps que pour la profession agricole ?.